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Les théories de l'apprentissage

  • Photo du rédacteur: Julie Sandaya
    Julie Sandaya
  • 2 nov. 2015
  • 6 min de lecture

(Synthèse et traduction de l'article : Connetivism, a learning theory for Digital Age écrit par George Siemens)

L'utilisation des nouvelles technologies a totalement remodelé notre rapport au savoir et à l'apprentissage. Les théories visant à comprendre et modéliser nos processus d'apprentissage doivent dorénavant tenir compte de cette évolution.

L'apprentissage n'est plus figé une fois pour toute, aujourd'hui on parle de formation tout au long de la vie. Nous sommes résolument partie prenante d'une société de la connaissance marquée par certaines tendances en matière d'apprentissage telles que :

- Beaucoup d'apprenants changent de domaines d'apprentissage au cours de leur vie

- L'apprentissage informel est un aspect significatif de notre expérience d'apprentissage. Apprendre se fait de différentes manières et à différents endroits.

- La technologie remodèle nos neurones. Les outils que nous utilisons formatent notre pensée

- L'individu et l'organisation sont tous les deux des modes d'apprentissage. Le management de la connaissance se doit de chercher les liens entre l'apprentissage individuel et l'apprentissage collectif.

- L'attention doit se porter non plus seulement sur "quoi chercher" ou "comment chercher" mais aussi sur "où chercher" la connaissance

Origines

Il est difficile de définir vraiment ce qu'est l'apprentissage. Driscolle (2000) propose de considérer l'apprentissage comme "un changement persistant des résultats ou performances qui doit venir de l'expérience et de l'interaction de l'apprenant avec le monde" - (traduction libre)

Trois traditions épistémologiques co-existent dans le domaine :

- L'objectivisme (= béhaviorisme) qui stipule que la réalité est externe et objective et que la connaissance est apprise par l'expérience

- Le pragmatisme (= cognitivisme) qui prône que la réalité est interprétée, et que la connaissance est acquise à partir de l'expérience et de la réflexion

- Le constructivisme qui explique que la réalité est interne et que la connaissance se construit.

Toutes ces théories mettent l'accent sur le fait que la connaissance est un objectif ou un état que l'on atteint à travers le raisonnement et l'expérience.

Le béhaviorisme déclare que l'on ne peut pas connaître les mécanismes d'apprentissage, car tout se passe dans une "boîte noire". Pour les béhavioristes,

- Le comportement observé est plus important que les activités internes

- Le comportement devrait se focaliser sur des éléments simples : un systèmes de stimulus - réponse

- L'apprentissage concerne le changement de comportement

Pour le cognitivisme, l'apprentissage ressemble à un système informatique. On y trouve des "entrants" qui sont stockés en mémoire à court terme, et codés pour être inscrites en mémoire à long terme.

Le constructivisme, lui suggère que les apprenants créent leurs connaissances lorsqu'ils tentent de comprendre leurs expériences.

Le béhaviorisme et le cognitivisme voient la connaissance comme élément externe à l'apprenant et l'apprentissage comme le processus permettant d'internaliser la connaissance. Alors que, le constructivisme présume que les apprenants ne sont pas des récipients vides attendant d'être remplis avec de la connaissance. Les apprenants choisissent et poursuivent leurs propres apprentissages tout au long de leur vie.

Limites de ces théories

Dans la plupart des théories, même pour le constructivisme qui prône que l'apprentissage est un processus social, l'apprentissage est vu comme un processus totalement interne. Il n'est jamais question de l'apprentissage externe (par exemple celui découlant des manipulations grâce aux technologies).

Ces théories échouent également à décrire comment les apprenants interagissent avec les organisations.

Les théories de l'apprentissage s'intéressent au processus mais pas à la valeur de ce qui est appris. Dans un monde en réseau, la manière d'acquérir l'information vaut la peine d'être étudiée. Le besoin d'évaluer la plus-value d'un apprentissage est une méta-compétence requise avant même de commencer à apprendre. De même, la capacité à synthétiser l'information, à juger de sa pertinence et à la mettre en lien avec les connaissances acquises fait également partie des compétences à avoir.

Beaucoup de question importantes sont soulevées lorsque l'on essaye de théoriser l'apprentissage à travers la technologie. On ne peut plus se contenter de construire de nouvelles théories en modifiant les anciennes car les conditions ont tellement évolué qu'il faut une approche totalement différente.

Une théorie alternative

Introduire la technologie et le réseautage comme des activités d'apprentissage commence à faire évoluer les théories de l'apprentissage vers l'ère digitale. Nous ne pouvons pas tout expérimenter personnellement, nos compétences proviennent donc de notre capacité à créer des liens. Karen Stephenson déclare ainsi :

"L'expérience a longtemps été considérée comme le meilleur enseignant. Comme nous ne pouvons pas expérimenter tout, les expériences des autres, et par conséquent les autres, deviennent la mère porteuse de la connaissance. "J'acquière ma connaissance de mes amis" est un principe justifiant de recueillir la connaissance en multipliant les contacts". (traduction libre)

La théorie du chaos s'applique également à l'apprentissage. Pour cette théorie, tous les événements, toutes les personnes sont interdépendantes et de ce fait, créer du sens et former des connexions entre communautés spécialisées sont des activités importantes. La capacité à reconnaître les modèles sous-jacents et à s'adapter aux changements sont des compétences fondamentales.

Le connectivisme

Dans un monde connecté, créer du lien avec d'autres, mais aussi entre des informations, des idées a priori disparates, peut générer de nouvelles innovations. Le connectivisme est l'intégration des principes explorés par les théories du chaos, des réseaux, de la complexité et de l'organisation.

L'apprentissage apparaît dans des environnements nébuleux peuplés d'éléments qui ne sont pas tous sous le contrôle de l'individu. L'apprentissage se focalise sur la connexion d'informations spécialisées, et les connexions qui nous permettent d'apprendre plus sont plus importantes que notre état de connaissance actuel.

Le connectivisme repose sur la compréhension que les décisions sont basées sur des fondations qui changent rapidement. De nouvelles informations sont acquises continuellement. L'habileté à trier les informations importantes et celles qui ne le sont pas est vitale. L'habileté à reconnaître quand une nouvelle information modifie le cadre dans lequel ont été prises les décisions de la veille est aussi fondamental.

Les principes du connectivisme

- L'apprentissage et la connaissance reposent sur la diversité des opinions

- L'apprentissage est un processus de connexion entre différentes sources ou informations spécialisées

- La capacité à apprendre plus est plus importante que ce que l'on sait déjà

- Alimenter et maintenir les connexions est nécessaire pour faciliter l'apprentissage en continu

- La capacité à voir les connexions entre les domaines, les idées et les concepts et une compétence fondamentale

- Maintenir ses connaissances à jour est l'objectif de toutes les activités d'apprentissage connectivistes

- La prise de décision est en soi un processus d'apprentissage. Choisir ce que j'apprends et le sens des informations que je reçois s'appréhende à travers le prisme d'une réalité mouvante. Alors qu'aujourd'hui il peut y avoir une bonne réponse, elle sera peut être fausse demain à cause du changement de climat informationnel affectant la décision.

Le connectivisme aborde également les nombreux défis auxquels sont confrontés les entreprises dans la gestion de la connaissance. La connaissance qui est stockée dans une base de donnée doit être connectée aux bonne personnes, dans le bon contexte, afin de pouvoir être qualifiée d'apprentissage.

Le flux d'information dans une entreprise est un élément important de son efficacité organisationnelle. Dans une économie de la connaissance, le flux d'information est l'équivalent de la pipeline de pétrole dans une économie industrielle. Créer, préserver, et utiliser le flux de connaissance devrait être une activité organisationnelle clé.

L'analyse des réseaux sociaux est un élément supplémentaire de la compréhension des modèles d'apprentissage à l'ère du digital. Art Kleiner (2002) a étudié la "théorie quantique de la confiance" de Karen Stephenson qui explique non seulement comment reconnaître la capacité cognitive collective d'une organisation, mais aussi comment la cultiver et l'augmenter. Dans les réseaux sociaux, les participants sont des personnes bien connectées qui sont capables de favoriser et maintenir le flux de connaissances.

Le point de départ du connectivisme est l'individu. La connaissance individuelle est composée d'un réseau qui se nourrit dans les organisations et les institutions, et qui en retour alimente le réseau et continue à permettre à l'individu d'apprendre. Ce cycle de développement de la connaissance (personne - réseau- organisation) permet aux apprenants de rester à jour dans leur domaine grâce aux connexions qu'ils ont formées.

Cette amplification de l'apprentissage, de la connaissance et de la compréhension à travers l'extension d'un réseau personnel est la quintessence du connectivisme.

Conclusion

Le tuyau est plus important que le contenu à l'intérieur du tuyau. Comme la connaissance évolue sans cesse, ,notre capacité à apprendre ce dont nous avons besoin pour demain est plus importante que ce que nous savons aujourd'hui.

 
 
 

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